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myriam kimché

Année 2023, naît mon enfant.
 
  Je découvre, en fabriquant du lait avec mon corps que cela dépasse l’aliment. C’est une substance chargée de sens, de symboles et d’émotions. Je découvre que cela me fait dépasser les contours de mon corps.

 C’est une expérience liminaire, faite d’un absolu amour et d’une absolue révolte de devoir me redéfinir dans mes identités imbriquées de femme, féministe, artiste, mère.

 Durant des mois, la vie est très resserrée autour de la maternité, mon enfant, mon sein. Je suis plongée dans un temps autre, pas le temps du dehors. L’argile qui était un médium artistique prend une place médicinale pour traiter les engorgements de lait dans ma poitrine. Ces éléments, ces matières, ces réflexions se mêlent dans un nouveau lieu d’expression qui, de fait, ne peut être que le dedans : la maison, le foyer aux heures de siestes et d’insomnie. La cheminée et non le four à céramique. Et non l’atelier.

 Dans cette expérience, je prends au plus proche de moi les ingrédients pour re-dessiner les contours de mon corps. La caseïne (qui rentre dans la composition chimique de l’émaille), provient de mon lait. Le feu, la fatigue, l’argile, l’assignation à un autre rythme. 
  Dans cette solitude qu’est la maternité, mon usage de la céramique devient performatif et libérateur. Chaque instant que j’arrive à saisir pour ma pratique me relie aux autres personnes, mères ou pas, partageant cette colère des assignations de genre. C’est mon espace de réinvention et de dialogue.
     













le banquet :
des armes, des seins-calices, Grande Gentiane.
grès émaillé au lait maternel











 

Grande Gentiane
grès émaillé. 1m